17 juin 2025

EDITO
A quoi joue Euronext ?

Paradoxalement aucune des entreprises du CAC40 que nous avons rencontrées cette année ne remet en cause sa stratégie ESG : elles ont toutes compris l’importance de transformer leurs activités pour créer ainsi de la valeur à long terme.

Alors que l’ensemble des acteurs ou investisseurs financiers ont intégré dans leur langage commun les termes ESG pour Environnement, Social, Gouvernance, la société Euronext a mis sur pied trois nouveaux indices sur les thématiques de l’Energie, de la Sécurité et de la Géostratégie qui forment un nouveau sigle ESG pour faciliter le financement des entreprises du secteur de l’énergie, de la défense, et de l’aérospatial.

Deux « ESG » pour deux approches qui n’ont rien à voir ! Au risque de créer une grande confusion chez tous les investisseurs qu’ils soient institutionnels ou particuliers !

A l’heure où la nouvelle administration américaine cherche à remettre en cause toutes les réglementations mises en place en faveur d’un développement plus durable et de meilleures pratiques ESG – chez les entreprises comme chez les investisseurs – cette initiative tombe mal. Elle participe à créer encore plus de confusion, et pourrait laisser penser qu’Euronext ne vise ainsi qu’à développer son activité – de nombreux gérants travailleraient déjà au lancement d’ETF sur ces produits -, sans en mesurer les conséquences. . Euronext pourrait s’approprier comme raison d’être la phrase de Lisa Minelli dans le film New York-New York : « Money makes the world go around. »

Paradoxalement aucune des entreprises du CAC40 que nous avons rencontrées cette année ne remet en cause sa stratégie ESG : elles ont toutes compris l’importance de transformer leurs activités pour créer ainsi de la valeur à long terme.

La stratégie d’Euronext montre une vision de court terme, une tentative de se positionner pour attirer des investisseurs « Trumpiens » refusant le développement durable. En semant la confusion dans les indices, les investisseurs vont y perdre « leur latin ».

Euronext est une société privée. Il est urgent que l’AMF lui impose les mêmes contraintes pour son marketing que celles qu’elle impose aux sociétés de gestion qui font appel à l’épargne, pour ne pas créer de la confusion chez l’épargnant.

Principale place boursière de la zone euro, Euronext est un acteur central pour amener les investisseurs à financer la transition urgente et nécessaire. On pourrait donc se demander si Euronext ne devrait pas être filiale à 100% de la BCE, pour éviter que l’intérêt particulier ne prévale sur l’intérêt général.

Olivier de Guerre

Recevoir la newsletter Phitrust