16 janvier 2025

EDITO
2025 verra-t-elle la fin de l’investissement responsable ?

Nous croyons au contraire que les entreprises les plus performantes dans les années à venir seront celles qui sauront répondre à cette attente d’un monde moins carboné et attirant les meilleurs talents

A l’aube de cette nouvelle année, chaque déclaration tonitruante du futur président des Etats Unis amène des entreprises, des investisseurs à revenir sur leurs engagements RSE pour privilégier le retour à une économie carbonée afin de permettre aux Etats Unis de retrouver leur place de « leader » dans ce monde qui se polarise USA versus Chine-Russie… De nombreux gérants d’actifs américains ont quitté les coalitions d’investisseurs responsables auxquelles ils avaient adhéré, de nombreuses entreprises ont relancé des investissements dans les industries fossiles qu’ils avaient gelés, de nombreux institutionnels ont indiqué privilégier l’objectif de rendement financier sur toute autre contrainte notamment environnementale… Et cela s’est accéléré par peur d’être attaqué en justice aux USA par des activistes financiers n’acceptant pas que le dogme du retour à l’actionnaire quel qu’en soit le prix soit remis en cause.

Cette situation interpelle fortement l’Union Européenne. Elle a décidé de revoir l’ensemble de ses politiques durables afin de les « alléger » : les entreprises européennes ne pourraient survivre avec des contraintes notamment environnementales que leurs concurrents nord-américains n’ont pas… La bagarre qui a lieu actuellement sur la validation de l’accord de libre échange avec le Mercosur en est un exemple. Mais celle autour de la régulation de l’industrie automobile et de l’interdiction de vendre des voitures non électriques en Europe en 2035 est aussi un autre exemple.

Le risque est très concret de voir l’ensemble des acteurs financiers européens revenir en arrière sur deux décennies de progrès tangibles dans la prise en compte des critères RSE dans leurs stratégies d’investissement, à l’instar de ce qui se passe aujourd’hui aux Etats Unis. Cela aurait un impact direct sur les comportements des entreprises qui seraient tentées de ne plus s’aligner sur des objectifs climatiques et environnementaux concrets afin de répondre aux attentes de leurs actionnaires.

Il est vrai que la régulation européenne a voulu en quelques années amener l’ensemble des acteurs financiers à exclure tout ce qui touche aux industries fossiles afin d’atteindre les objectifs de réduction de CO2 à la suite de l’Accord de Paris lors de la COP 21 en 2015. Et a mis en place une régulation stricte qui met les entreprises européennes en complète dissonance par rapport à leurs concurrents dans le monde entier.

Paradoxalement, à la suite des discussions que nous avons depuis plusieurs années avec les dirigeants du CAC40, ceux-ci ont bien intégré la nécessité d’un changement stratégique à 360 degrés pour tenir compte des ces objectifs climatiques et environnementaux ; un peu à cause de la régulation ou des demandes des investisseurs, mais surtout parce qu’ils ne peuvent plus recruter de jeunes talents en continuant à être des « pollueurs ».

Nous risquons de nous retrouver dans une situation encore plus polarisée avec des entreprises qui veulent se positionner dans un monde décarboné pour attirer les talents (comme Tesla…) et d’autres entreprises ou investisseurs qui privilégieront le rendement financier quel qu’en soit le coût extra-financier.

Est-ce à dire que l’investissement responsable est voué à une mort certaine ? Nous croyons au contraire que les entreprises les plus performantes dans les années à venir seront celles qui sauront répondre à cette attente d’un monde moins carboné et attirant les meilleurs talents. Les investisseurs responsables qui sauront les identifier seront probablement les plus performants.

Quel investisseur serez-vous en 2025 ? Très bonne année 2025 !

Recevoir la newsletter Phitrust