12 July 2024

EDITO
L’entreprise ne peut s’abstraire « de la cité »

Les entreprises ont la capacité financière de développer leurs activités, de faciliter l’innovation, d’accompagner la création d’entreprises partout en France et, même plus,  ont un « devoir » de le faire.

Comme aux USA, le débat politique en France montre bien la montée des populismes directement liée à un sentiment très fort d’abandon de citoyens dans les villes périphériques ou les campagnes. Cela amène à des prises de position contre les entreprises qui ont délocalisé leurs outils de production pour plus de profits (les profits en 2023 des grandes entreprises sont les plus élevés historiquement), contre les riches (les milliardaires n’ont jamais été aussi nombreux…), contre l’Etat qui n’a pas su protéger les plus démunis (l’inflation a mis en avant la précarité de nombreux concitoyens). Et ce climat délétère amène à des programmes électoraux que la plupart des économistes critiquent :  une relance keynésienne dans un pays surendetté et une hausse des plus bas salaires alors que la croissance est déjà « dopée » par la consommation ont peu de chance de répondre aux attentes des français.

Relisons le discours d’Antoine RIBOUD à Marseille en 1976 qui rappelait que l’entreprise se doit d’être citoyenne car elle ne peut être de plus en plus riche alors que son environnement proche s’appauvrit… Même si de nombreuses entreprises ont mis en place des programmes pour accompagner leur écosystème, bien peu aujourd’hui ont entrepris de re-localiser leurs outils de production, recréer des usines dans les campagnes ou les zones industrielles délaissées, former leurs salariés aux nouveaux modes de production numériques et digitaux pour qu’ils puissent évoluer dans leurs parcours professionnels. Il faut saluer par exemple les efforts importants des groupe de luxe comme Hermès ou LVMH qui recréent des ateliers de production dans des zones désindustrialisées par exemple. D’autres, bien sûr, le font mais finalement bien peu au vu des enjeux économiques et sociaux en France aujourd’hui.

L’Etat a des missions régaliennes à redéployer : les systèmes de santé pour tous, une éducation et une formation de qualité, une présence et la sécurité dans les quartiers périphériques et les campagnes. Il a su réformer l’apprentissage et la formation par l’insertion pour répondre aux besoins des entreprises. Mais face au mur de la dette, il ne pourra contribuer significativement au rétablissement d’un outil industriel ou d’activités de services performantes pour le futur ou aider à la création d’entreprises de toutes tailles dans les zones « délaissées ».

Les entreprises ont par contre la capacité financière de développer leurs activités, de faciliter l’innovation, d’accompagner la création d’entreprises partout en France et, même plus,  ont un « devoir » de le faire. Car sans salariés, ouvriers, sans un tissu économique d’entreprises de toute taille,  il n’est pas possible de se développer et la dépendance à des sous traitants étrangers ou aux produits importés a des limites comme l’a bien montré la crise du COVID avec les enjeux de logistique ou de production associés…

Les investisseurs ont eux aussi un « devoir » de s’engager auprès des entreprises pour les pousser à re-localiser leurs outils de production, à innover en aidant à la création d’entreprises et d’écosystèmes dans les zones délaissées afin de recréer en France et en Europe une zone économique forte, capable d’innover, de produire, de vendre pour la population européenne mais aussi à terme pour le continent africain qui se « réveillera » un jour comme la Chine l’a fait il y a quarante ans.

La révolution digitale et la crise environnementale que nous vivons sont un atout pour redéployer nos entreprises en France : nous avons l’expertise pour innover, déployer de nouveaux produits et services qui répondront aux besoins de nos concitoyens. A nous de prendre ensemble la décision de le faire et de ne pas attendre tout de l’Etat ! Redonnons espoir à nos concitoyens en recréant/développant les produits ou services dont ils ont besoin, en rémunérant leur travail à sa juste valeur, en un mot, en leur redonnant l’Espoir qu’eux mêmes et leurs enfants vivront mieux demain. C’est tout l’enjeu du capitalisme en France et entrepreneurs, dirigeants, investisseurs ; nous ne pouvons pas manquer cette occasion d’être utile à notre pays.

Olivier de Guerre

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