Rester actionnaire et utiliser son pouvoir d’actionnaire pour inciter celles qui ont commencé leur transition à aller plus vite, reste le meilleur levier d’action.
Les actionnaires se présentant à l’AG 2023 de TotalEnergies salle Pleyel ont dû franchir avec difficulté un barrage de manifestants venus empêcher la tenue physique de ce rendez-vous annuel. Ils se sont fait traiter de «criminels» car ils étaient actionnaires, les représentants des ONG présents sur place les appelant à vendre leurs actions pour ne pas cautionner la politique climatique jugée défaillante du pétrolier français.
Exclure ou ne pas exclure ? Un choix, dans la pratique, toujours au cœur des problématiques des investisseurs responsables, même si les défenseurs de la finance durable – des grands investisseurs aux régulateurs européens, semblent avoir adoubé le principe de l’exclusion des secteurs les plus polluants. A minima, dans la théorie et dans leur communication auprès du grand public. Faut-il vendre tous les titres d’entreprises présentes dans l’énergie fossile, mais aussi ceux des banques qui financent leurs projets d’extraction, ainsi que des groupes d’assurance qui couvrent leurs risques, voire les sociétés de conseil qui les ont pour clientes comme Publicis cette année ? Pour avoir l’air irréprochable peut-être, pour contribuer efficacement à la transition des entreprises vers une économie décarbonée, c’est moins clair.
Les risques de l’exclusion : si on parlait de responsabilité …Nous pensons que les investisseurs français ont une responsabilité politique à rester actionnaires pour ne pas laisser des investisseurs non européens contrôler des groupes dont les activités sont éminemment stratégiques pour le pays, d’un point de vue économique, énergétique et social. M. Pouyanné rappelait en AG de TotalEnergies que les actionnaires anglo-saxons étaient passés de 37 à 46% du capital. Rester actionnaire empêche aussi ces acteurs clés de l’énergie, de la construction ou des matières premières, y compris des métaux rares qui sont pourtant ressources incontournables du renouvelable, de sortir de la cote et devenir ainsi plus opaques. Alors que l’Europe se préoccupe de son indépendance énergétique et industrielle, les demandes des régulateurs européens et les réponses des grandes entreprises françaises directement concernées nous interpellent et appellent à ce que nous prenions conscience collectivement des risques importants à trop de dogmatisme.
Nuancer les positions, un choix possible? Exclure les entreprises qui tirent encore 100% de leur chiffre d’affaires des énergies fossiles, certes, mais rester actionnaire et utiliser son pouvoir d’actionnaire pour inciter celles qui ont commencé leur transition à aller plus vite, reste le meilleur levier d’action. Car rester actionnaire permet de faire entendre sa voix et conserver sa capacité d’influence. L’engagement actionnarial est la solution que Phitrust a retenue pour appliquer de la façon la plus pertinente et efficace à long terme le principe d’investissement responsable de «Do no harm», surtout quand il n’existe pas à court terme de solutions de remplacement bas carbone simples et non coûteuses en matière sociale. Plutôt que d’exclure de ses portefeuilles les entreprises encore impliquées dans des activités polluantes, Phitrust reste actionnaire dans la durée, ce qui lui permet de questionner les dirigeants des entreprises année après année et les challenger, en fédérant d’autres investisseurs, dans leur transition vers une économie bas carbone.
Merci à tous nos actionnaires actuels et futurs qui nous rejoindront, pour promouvoir ensemble cet engagement. Bonne lecture !