Les questions de Responsabilité et de Durabilité sont en fait deux notions très différentes et le monde de l’investissement durable pâtit aujourd’hui de cette confusion
Le Dirigeant d’une grande entreprise cotée s’est récemment étonné que lors de son dernier roadshow auprès d’investisseurs français et internationaux, il n’y avait eu aucune question sur sa stratégie ESG.
En se retirant de l’Accord de Paris, les Etats-Unis initient un changement d’attitude radical et poussent les entreprises américaines à agir pour la compétitivité, et ce quel qu’en soit l’impact environnemental et social. L’Europe réfléchit à alléger les directives CSRD ou la taxonomie verte sous la pression des entreprises inquiètes de perdre de nombreuses parts de marché et de la compétitivité si elles ne s’alignent pas avec les entreprises américaines.
Le dirigeant d’Euronext annonce vouloir créer un indice ESG « Energie, Sécurité et Géostratégie » en complet décalage avec la dénomination validée par le monde financier depuis de nombreuses années « Environnement, Social, Gouvernance ». La confusion est ainsi délibérément installée au sein du monde de l’investissement.
Les questions de Responsabilité et de Durabilité sont en fait deux notions très différentes et le monde de l’investissement durable pâtit aujourd’hui de cette confusion. L’Association Française de Gestion appelle à accepter le secteur de la Défense dans un portefeuille « ESG », amenant ainsi de nombreux investisseurs à remettre en question leurs stratégies d’investissement.
Paradoxalement dans les échanges que nous avons aujourd’hui avec les grandes entreprises du CAC40, aucune ne remet en cause les stratégies qu’elles développent pour répondre aux enjeux environnementaux (climat-biodiversité), ce qui est une très bonne nouvelle et montre que ces sujets sont vraiment au cœur des stratégies des grandes entreprises.
Ces dernières montrent le chemin vers lequel les investisseurs devraient aller pour les accompagner dans leur développement et dans l’évolution de leur business model pour répondre aux enjeux de la transition énergétique. Il est crucial que ces derniers ne remettent pas en cause leurs stratégies d’investissement durables, et cèdent aux sirènes du court terme au détriment de la création de valeur à long terme.
Olivier de Guerre