Comment pourra-t-on reprocher aux dirigeants de changer de stratégie, de positionnement sur les marchés pétroliers et celui des énergies renouvelables si la majorité du capital est composé d’investisseurs anglo-saxons le lui demandent ?
La question se pose aujourd’hui car son actionnariat est majoritairement anglo-saxon, ce qui a amené le Conseil d’administration à valider une forme de cotation aux Etats-Unis pour faciliter les échanges en bourse, en transformant les actuels certificats de dépôt d’action en actions ordinaires.
La société est encore cotée en France… mais pour combien de temps ? L’introduction dans les statuts il y a 5 ans de la qualification de « société européenne » permettrait facilement au Conseil d’administration de déplacer le siège social dans un autre pays européen (les Pays-Bas ?) si la fiscalité ou les contraintes administratives françaises devenaient « non concurrentielles » par rapport au pays « hôte ».
Comment a-t-on pu en arriver là alors que TotalEnergies est aujourd’hui l’une des « majors » les plus importantes de la zone euro après les acquisitions successives de Fina et d’Elf Aquitaine, fleurons de l’économie française. L’évolution de la réglementation française et européenne sur les investissements durables excluant le fossile et la doxa d’investisseurs excluant le pétrole ont conduit les institutionnels français et européens « responsables » à vendre leurs actions, les américains se renforçant parallèlement au capital de TotalEnergies. Alors que nous continuons à prendre l’avion, que nos tracteurs, camions, autocars, bus et voitures roulent à l’essence, au diesel, que nos usines ont encore besoin de pétrole, nous préférons vendre les actions de TotalEnergies à des actionnaires étrangers qui n’auront probablement pas les mêmes exigences en matière de développement durable…
TotalEnergies avait fait un parcours remarqué depuis la Cop 21 à Paris pour devenir progressivement une société « multi énergies » investissant une part importante de son cash-flow dans les énergies renouvelables. Certainement pas assez vite, mais le groupe est en voie d’être l’un des premiers producteurs européens en énergie renouvelable en 2030.
Comment pourra-t-on reprocher aux dirigeants de changer de stratégie, de positionnement sur les marchés pétroliers et celui des énergies renouvelables si la majorité du capital est composé d’investisseurs anglo-saxons le lui demandent ?
Naïvement, nous avons cru que le monde entier privilégierait des entreprises vertueuses pour répondre aux défis de la transition climatique. Force est de constater que ce n’est pas le cas et nous risquons de voir TotalEnergies privilégier l’extraction pétrolière (plus rentable) à la filière énergie renouvelable. Redevenons actionnaires pour ancrer fortement la société en France et en Europe et l’amener à développer les énergies renouvelables pour préparer l’avenir. Est-ce une utopie ?
Olivier de Guerre
Image © TotalEnergies. Source : https://corporate.totalenergies.us/investor-relations