14 décembre 2023

Vivendi de nouveau dans le CAC40: amateurisme ou opportunisme ?

Alors qu’il y a trois mois le conseil scientifique des Indices (et donc du CAC40) décidait de « sortir » Vivendi du CAC40, le 7 décembre, à la surprise générale, le même Conseil scientifique décidait de le réintroduire en remplacement de Worldline.

Quelle contradiction entre la réalité du choix de la composition de l’indice et l’obligation des investisseurs/gestionnaires à constituer des portefeuilles durables ?

Alors qu’il y a trois mois le conseil scientifique des Indices (et donc du CAC40) décidait de « sortir » Vivendi du CAC40, le 7 décembre, à la surprise générale, le même Conseil scientifique décidait de le réintroduire en remplacement de Worldline.

Visiblement très peu d’observateurs ont exprimé leur surprise alors même que le Conseil scientifique décide sur des données factuelles. Est-il raisonnable de croire qu’en trois mois ces données scientifiques ont tellement évolué sur Vivendi qu’il soit décidé de le réintroduire dans l’indice ?  Ou alors peut-on penser qu’il y ait eu une erreur il y a trois mois ? Ou alors la décision peut-elle être « non scientifique » ?

La société Worldline a vu son cours de bourse s’effondrer de 60% à la suite d’une défiance des investisseurs vis-à-vis des réponses des dirigeants à une panne informatique malvenue qui a pénalisé un grand nombre de ses clients et amené à une révision à la baisse de ses perspectives. Fallait-il pour autant la « sortir » de l’indice ? Et si oui, n’y avait-il pas d’autres sociétés que Vivendi, tout aussi prometteuses pouvant la remplacer ?

Quelle que soit la raison, cette décision fait preuve au pire d’amateurisme, au mieux d’opportunisme qui ne peut qu’interpeller sur les choix du Conseil scientifique des Indices et de leur indépendance qui ne s’appuierait que sur une rationalité scientifique.

Et malheureusement cette « rationalité scientifique » ne prend pas en compte les critères ESG de ces entreprises et plus particulièrement le « G » de la Gouvernance. Car depuis la prise de contrôle par le groupe Bolloré de Vivendi, la société a une gouvernance défaillante qui interpelle sur la qualité de nos champions français.  A l’heure même où le régulateur demande aux investisseurs d’avoir une attention plus spéciale aux questions ESG avec la directive CSRD et aux entreprises de mieux prendre en compte ces enjeux avec la Taxonomie.

Cette dernière décision nous amène à penser qu’il y a urgence à réformer la méthode de sélection des entreprises constituant le CAC40 et donc participant à l’image de la France. A l’heure où les autorités publiques et les régulateurs nous incitent à prendre en compte les questions ESG, il est paradoxal, pour ne pas dire plus, que la composition du CAC40 ne prenne pas en compte ces éléments plutôt qu’uniquement des éléments factuels liés au flottant et au montant des transactions. Ces éléments sont pour le moins réducteurs et ne prennent en compte finalement que les volumes échangés, ce qui permet à Euronext qui définit cet indice de privilégier le trading… et donc la spéculation.

Quelle contradiction entre la réalité du choix de la composition de l’indice et l’obligation des investisseurs/gestionnaires à constituer des portefeuilles durables ? La composition du CAC40  est tout sauf neutre au vu des volumes échangés sur cet indice, et il est urgent que le régulateur regarde les critères scientifiques présidant au choix des valeurs pour qu’il intègre les notions de développement durable sur lequel la Place de Paris souhaite se développer.

Olivier De Guerre

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